lundi 3 mai 2010

Kawah Ijen (pas grand monde)

Salut les mineurs,


Comme il est de tradition en Indonésie, une voiture vient nous chercher devant notre hôtel pour le début de trois jours au pas de course (de cheval).

Le programme prévoit le passage sur Java (l'île à l'ouest de Bali) pour une rando au volcan de soufre Kawah Ijen en Jour 2.

Ensuite en Jour 3, grimpette sur le Mont Bromo pour le lever du soleil.

Le Jour 1 n'étant consacré qu'à la route entre Kuta et Ijen.

Nous partons de Kuta avec un van climatisé 11 places rien que pour nous deux. La route est longue mais belle jusqu'au ferry qui traverse entre les deux îles.

Une fois sur Java, changement de van et de chauffeur : un van 8 places toujours rien que pour nous deux. On passe du conducteur rigolard qui panne pas un mot d'anglais, au conducteur rigolard qui parle et comprend l'anglais. Chouette.

L'arrivée au pied du Kawah Ijen se fait de nuit, au bout d'une interminable route pourrie. Si on peut encore appeler ça une route.

Il est 20h, il faut se lever tôt. On mange et on va se coucher.

Réveil à 4h pour départ à 4h30. J'ai beau être matinal, j'ai mal.

Seulement il faut mériter ce volcan, dont la montée est interdite dès 14h et qui se couvre de nuages aux alentours de 10h.

La montée commence doucement, le chauffeur vient avec nous. Il connaît les rituels, les mineurs, le chemin et nous donne des conseils pour éviter le nuage de soufre.

Mais tout d'abord quelques chiffres, non pas pour s'apitoyer sur le sort de ces mineurs, mais pour comprendre leur vie et réfléchir sur la notre.

On débute mineur à 20 ans et ce jusqu'à 60 ans, même si les statistiques veulent que l'on atteigne rarement plus de 50 ans.

On porte en moyenne 80 kg de soufre à même l'épaule dans des paniers, sur 100 mètres de dénivelée en montée et plus de 500 en descente.

On est payé 600 Rupiahs le kg (soit 5 centimes d'euro) sachant que la société chinoise qui les exploite (le mot prend tout son sens) le revend 10 000 Rupiahs (soit 84 centimes d'euro).

Quand on présente son panier, le type à la pesée retire 4 kg pour le poids des paniers, qui évidemment font bien moins de 4 kg à vide.

Il faut ajouter à cela la respiration constante des vapeurs de soufre, la pluie et l'équipement (botte, panier...) qui n'est pas fourni, pour avoir une idée à peu près complète de la vie de ces mecs qui triment depuis minuit jusqu'en début de matinée.

Nicolas Hulot, que tout le monde adule ici, est venu quelques fois pour aider les mineurs. On parle de "Mr Nicolas" comme d'un héros. Marrant.

C'est un peu fastidieux à lire, je vous l'accorde, c'est beaucoup de chiffres, tout ça... Mais croyez le ou non, ils ont le sourire jusqu'aux oreilles !

Sur tout le chemin de la montée vers le haut du cratère, puis dans la descente vers le lac au fond du cratère, on ne croise que des sourires et des rires.

Ca se chambre, ça chante, ça rigole et ça smile à tout va.

Quand on connaît les guichets SNCF, CAF ou l'accueil dans n'importe quel bar un peu en heure de pointe, ça fait bizarre.

Encore une fois, une bonne claque humaine qui fait relativiser sur nos conditions et nos exigences en tant que travailleur.

La présence du chauffeur est plus que bénéfique, puisqu'il semble connaître tout le monde et nous raconte un tas de trucs. Il passe son temps à rire, à vanner les porteurs et à nous expliquer leurs conditions de travail.

De retour au parking, nous partons direction Bromo.

Sur le chemin nous prenons le temps de crever, de regarder défiler à perte de vue les cultures de melons, de café, de patates et de carottes et de dormir un peu aussi.

Vers 16h nous sommes à l'hotel devant un café local (3 centimètre de marc au fond de la tasse).

A 20h il faut se coucher, demain le réveil sera dur.


panorama : le lac, le nuage de soufre et un chinois

une petite tortue en soufre pour Louise !

40 kg de soufre

la base du cratère, la base de la fumée

bleus

lieu de la collecte du soufre

"prends moi en photo, prends moi en photo !" OK !

le travailleur de l'ombre

autre volcan à la montée

la rigolade à tout va

Soyez bons.

2 commentaires:

  1. C'est marrant relation en l'humain et son habitat. Plus les conditions de vie sont rudes plus les hommes se marrent, s'entraident, sont attentifs aux autres, alors que dès qu'un humain bénéficie de notre bon confort occidental, il devient con, aigris, égoïste et raciste. C'est triste.

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